Installer un point d'interrogation de lumière dans le chœur d'une église, c'est interroger le cœur du mystère : celui de l'existence, des origines, de la religion ?C'est d'abord l'affirmation du doute. C'est aussi montrer l'indéniable importance de la religion et en même temps le sentiment de perplexité que l'on peut éprouver face à ce phénomène si on n'est pas pratiquant. L'installation rappelle cet ancien dilemme entre la certitude scientifique et la foi. L'église,
a priori basée sur la foi, a toujours essayé de nous prouver la réalité des faits bibliques au travers de détails concrets, tels la représentation hyper-réaliste des blessures du Christ par exemple. L'installation fait aussi écho aux efforts de l'église pour nous attirer en promettant des réponses à nos questions. Le point d'interrogation a été construit suivant les lois d'une anamorphose. Au fur et à mesure que le spectateur déambule dans l'église, le signe typographique se décompose visuellement en plusieurs sphères lumineuses flottantes. Plus il avance, moins la figure du point d'interrogation est reconnaissable. Et une fois revenu au point de départ, il se trouve de nouveau face à la figure et donc face à la question.
Quand vous créez un objet mobilier (Pools & Pouf! par exemple, ensemble quasi-paysager de canapés et de poufs), c'est le rapport de l'objet à l'espace -plus que sa fonctionnalité- qui semble vous intéresser. L'installation artistique, comme ce point d'interrogation, c'est aussi créer un contenu et une forme pensés pour un espace spécifique. Le processus de création est-il similaire ? Le processus est en effet similaire sur la question de la relation à l'espace, il y a un aspect fragmentaire présent dans les deux travaux. La fragmentation est une technique qui nous permet de mieux comprendre un tout et on peut même dire que toute action humaine de fait fragmente la nature. Pour moi cela représente à la fois la réduction d'un système en une forme essentielle et en même temps en un scénario de possibilités ouvertes. Avec le point d'interrogation cette ouverture concerne l'interprétation du signe, avec
Pools & Pouf! elle s'adresse à de multiples possibilités d'usages.
On vous dit parfois designer, en d'autres occasions, artiste : laquelle de ces deux appellations vous paraît la plus juste ? Cela vous plaît-il de naviguer entre les deux ? Je suis designer de formation et je trouve plus sain d'essayer d'étendre les limites du design telles qu'elles sont encore aujourd'hui établies, plutôt que de m'appeler designer le lundi, artiste le mardi etc. Le design agit plutôt dans une sphère pragmatique. Je peux trouver cela fascinant d'agir dans un champ défini en essayant de trouver des solutions, mais je ne veux pas me restreindre uniquement à cela. La dimension irrationnelle et libre de l'art m'importe autant et c'est pour cela que certains de mes projets divaguent, s'éloignent des préoccupations pragmatiques.
Quels sont vos projets pour 2012 ? La scénographie de l'exposition
Autobiographies à l'Espace Culturel Louis Vuitton (mars 2012).
La conception de deux nouveaux restaurants Corso, respectivement situés Avenue Kléber et Quai de Seine, pour mars-avril.
Un projet sur scène au Centre George Pompidou avec Philippe Katerine en septembre-octobre.
Édition limitée, numérotée et signée par l’artiste.