Qu’est-ce que la Yellow Room et comment avez-vous découvert cet endroit ?Yellow Room
est un garage de peinture de voiture. J’ai découvert cet endroit alors
que j’étudiais la photographie. Je me rappelle qu’il faisait nuit la
première fois que je l’ai vu, j’y suis retourné le jour d’après. Et
depuis, j’y vais à intervalles réguliers, c’est un projet en cours.
Vous
avez commencé cette série il y a 6 ans et vous continuez à explorer
cette pièce. En quoi ce lieu répond-il à vos préoccupations
artistiques ?Ce projet est une documentation sur la notion
d’intemporalité. L’exploration du temps est au centre de ma
photographie. J’aime documenter cet endroit ; ce qui m’intéresse, c’est
de porter mon regard sur les choses qui demeurent plutôt que sur celles
qui changent. Ces deux photographies, par exemple, ont été prises à 3
ans d’intervalle. Quand je retourne au garage après un moment, je trouve
toujours de nouvelles machines, de nouveaux outils, c’est facile de
relever ces changements, mais ce qui attire mon attention ce sont ces
taches imprégnées sur le mur, les couleurs de la pièce, jamais
totalement semblables mais toujours là.
Vous travaillez
essentiellement avec un appareil de format carré, 6 x 6.
Qu’appréciez-vous dans ce format ? Comment influe-t-il sur vos
compositions ? Même si j’utilise parfois d’autres formats
suivant les besoins de la prise de vue, le 6 x 6 a toujours été celui
que je préfère et qui convient le mieux à mon travail. Je crois que dans
le format carré, vos yeux font le tour de l’image pour toujours revenir
au centre, c’est pour moi le format de l’équilibre.
Il y a
une atmosphère éthérée dans ces images, une belle légèreté et douceur
qui en émane et que l’on retrouve dans tout votre travail – qu’il
s'agisse de nature morte, paysage, mode ou recherche personnelle
abstraite. Seriez-vous d’accord pour dire que votre esthétique s’inscrit
dans une certaine filiation japonaise, même si vous êtes établie depuis
vos études aux États-Unis ?C’est vrai, mon travail procède
certainement de mon identité japonaise, peut-être est-ce le plus visible
dans mon traitement de la couleur et de la composition.
J’ai
développé mon travail photographique hors de mon pays, il y a donc
toujours quelque chose de fascinant à entendre cela. Vous seriez surpris
du peu de photographes qui adoptent cette approche au Japon même.
Édition limitée, numérotée et signée par l’artiste.