À propos de l'artiste
Établi à Mexico, après avoir vécu de nombreuses années à Paris,
Fernando Etulain aurait pu être compagnon de voyage d'André Breton ou comparse de Jean Cocteau, dont il partage l'esprit surréaliste et dandy. Dans sa série
Farbtafel (2008), il dispose un billet d'un dollar sur un portrait d'Hans Holbein, un sablé des Flandres sur une huile de Dürer ou encore des pinces à linge sur une peinture de Max Liebermann représentant des tisseuses. Etulain revisite et détourne. Comme dans cette autre série
Satyrus Paniscus (2009), il déchire des pages de magazines pornographiques, isole des détails, puis assemble ces morceaux en plans quasi-abstraits. Il emprunte à l'histoire encore, quand il propose une série de natures mortes limpides et aériennes inspirées des expériences d'Isaac Newton (
Chronoradial, 2009) sur la réfraction de la lumière. Ici, c'est le nu classique qu'il revisite, dans la manière subtile et délicate qui imprègne son œuvre.
Rencontre
Votre travail photographique a souvent abordé la nature morte au travers de compositions d’objets. Dans cette série Life on Still, votre regard se porte sur la matière vivante, la chair. Quelle était l’idée à l’origine de cette série ?Life on Still
est un ensemble de photographies prises à différentes époques et dans
divers lieux géographiques, le fait qu’il s’agit ici d’un corps humain
ne change pas mon approche, elle est assez similaire à celle que j’ai
quand je réalise des compositions d’objets ou des paysages. L’idée de
départ est la même, à savoir qu’une forme d’animisme peut se manifester
par la manière dont les objets inanimés sont mis en place dans un
dispositif de représentation. Dans les deux cas, il s’agit de proposer
une organisation de l’expérience de l'être humain et de ce qui
l’entoure.
La chair est modelée par la lumière, le fuselage
des muscles en est accentué. L’approche du corps est quasi sculpturale
et les poses souvent très réminiscences des nus académiques, certaines
rappelant Ingres, jusque dans la douceur de la lumière. Le XIXe siècle
est celui de l'invention de la photographie, celui où ce médium était
notamment utilisé par les peintres pour préparer leur composition. Y
a-t-il une volonté de votre part de vous inscrire dans cette tradition
académique en la renouvelant par l'utilisation du médium photographique
pour lui-même?Aucune intention de revendication à une tradition
n’est mise en valeur ici ; cependant une grande partie de ma formation
comme photographe est liée aux beaux arts dans le sens classique du
terme, donc par conséquent académique. Je profite tout simplement du
passé et du présent. Il est vrai aussi que ma conscience de la
composition et du traitement de la lumière sur les objets doit à cette
association que je fais entre photographie et peinture. C’est le cas
pour la plupart de mes travaux, ce genre de références picturales me
vient naturellement à l’esprit. Dans le cas de ces images, l’œuvre de
Jean-Auguste-Dominique Ingres a été importante pour moi, elle a entraîné
mon regard vers le sentiment du beau et du sublime dans les arts
d'imitation.
Pourquoi selon vous le corps, la chair, sont des
matières relativement délaissées aujourd’hui par la photographie
contemporaine ?J'ai l'impression que l'art contemporain et la
photographie se sont notamment portés sur un détachement vis-à-vis de la
figure. L’abstraction a fait son apparition dans l'art, et il est
désormais difficile de revenir au figuratif sans que cela soit perçu
comme anachronique par rapport à la définition du terme "contemporain".
Malgré cela, j'ai eu l’opportunité d’apprécier des photographes
plasticiens ou des artistes contemporains dont le travail est axé sur la
morphologie humaine et ses gestes, donnant lieu à des œuvres très
frappantes dans leur force brute et élémentaire.
Édition limitée, numérotée et signée par l’artiste.
Expositions et prix
Cromatografías, Mexique, 2014
LadoB, 3RD EYE, Mexico, 2011
Haus, Centro de diseño cine y television, Mexico, 2011
Bricks & Walls, Ediciones Jalapa, Mexico, 2010
Tapetes, Anudando Historias, Museo Franz Mayer, Mexico, 2010
Cesta, Ediciones Jalapa, Mexico, 2009
XIII Bienal de Fotografia, Centro de la Imagen, Mexico, 2008
Publications
Peepingtom Digest # 2, An Exploration of the Mexican Contemporary Art Scene, Peepingtom Gallery, Caroline Niemant et Stephane Blanc, Paris, France, 2011
Farbtafel y El Registro Sin Imagen, Periplo, vol. VII, Brenda Ledesma, Mexico, 2011
Tapetes, Anudando Historias, Museo Franz Mayer, Jaime Odabachian y Lorenzo Alvarez, Mexico, 2010
Cantera de Diseño, Centro de diseño cine y television, Renata Becerril, Mexico, 2010
Roma / Roma, Galeria Labor / Pechacucha, Giorgio Blasi, Mexico, 2009
XIII Bienal de Fotografia, Centro de la Imagen, Juan Antonio Molina, Mexico, 2008