Pourriez-vous nous parler de ces deux images, "Incognito" et "Playground" ? Sont-elles des visions de la ville ?Dans
mon travail, je cherche souvent à élaborer des images archétypales des
espaces urbains modernes. "Incognito" procède de cette recherche.
Un
autre pan de mon travail, non sans relation, traite de la construction
et de la destruction de ces paysages urbains, de la vitesse à laquelle
les changements y interviennent. "Playground" traite de ces
constructions qui constamment changent, grandissent, diminuent ; des
paysages délaissés qui lentement tombent en ruines.
Le papier
est le matériau central de votre travail. Vous coupez, collez,
assemblez, parfois même, déchirez. Quelles sont les potentialités
expressives du papier ?J'aime travailler avec le papier et le
carton en raison de la simplicité de ces matériaux. Une feuille blanche
de papier tient presque lieu en elle-même de symbole pour le vide ou le
néant. Je ne pense pas que les possibilités soient infinies, au
contraire, et c'est précisément l'intérêt du papier, il impose des
frontières strictes à mes projets. C'est comme un ensemble de cubes.
Vous pouvez choisir certaines formes, couleurs et structures. J'aime
cultiver ces limites, les souligner, tout en essayant de provoquer des
associations complexes.
Un regard attentif perçoit dans vos
images des imperfections qui ponctuent la surface de ces structures de
papier. Préserver cet aspect brut est-il important pour vous ?Oui
c'est très important. Au premier regard, l'image apparaît très propre,
sans imperfections, presque parfaite, comme une image générée par
ordinateur. Et ce n'est qu'un examen plus approfondi qui permet de
révéler le côté brut des objets photographiés, un aspect imparfait qui
donne une vie, une personnalité à l'apparent vide initial. Les
jointures, coupes, points de colle sont autant d'aspects qui contribuent
à rappeler l'expérience que procure la ville : une scène rapidement
construite, qui ne vise pas la pérennité.
Édition limitée, numérotée et signée par l’artiste.