En Afrique, en Russie, au Cambodge,
Françoise Huguier a photographié des lieux et des hommes souvent oubliés du monde, loin de tout. Les images qu'elle en ramène sont tout sauf lointaines. On ressent bien au contraire à leur vue une empathie immédiate, un enveloppement, comme si soudain, on était assis dans cette tente avec la femme nenet ou dans la caravane, à regarder la théière fumer : une immersion sensuelle qui entraîne dans un ailleurs de couleurs, de textures, d'odeurs, de lumières et d'histoires de vie. De ses voyages, elle rapporte des images et des mots, qu'elle consigne dans ses livres. D'Afrique, elle rapporte
Sur les traces de l'Afrique fantôme, un ouvrage qui paraît en 1990, puis
Secrètes en 1996, qui retrace son immersion dans l'intimité des femmes maliennes et burkinabées. Entre temps, elle aura voyagé vers la froide Sibérie et publié en 1993,
En route pour Behring, le journal de bord de son long périple, pour lequel elle remporte le World Press Photo et dont sont issues ces deux images. Les années 2000 seront marquées par ses voyages en Russie - elle séjournera plusieurs années à Saint-Pétersbourg pour en ramener une enquête sur les appartements communautaires (
Kommounalki) - et au Cambodge, sur les traces de son enfance (
J'avais huit ans).
Au plus près de la vie, des histoires et des corps, Françoise Huguier construit une œuvre ample et généreuse.