Quelle est cette plante et que vous inspire-t-elle ?
C'est une image que j'ai réalisée dans un jardin botanique, - un lieu qui me fascine et qui m'inspire. J'aime cette plante car elle a une structure très affirmée, une perfection et une symétrie qui contraste avec sa qualité d'objet naturel.
Ce qui m'intéresse dans ce type d'image c'est d'appuyer l'aspect objet d'étude et de collection de la plante, que je renforce notamment par le choix du noir et blanc, qui renvoie à l'esthétique des images d'archives.
Cette image est issue d'un ensemble intitulé « Curioso ». Quel a été son point de départ ? Comment sélectionnez-vous les objets qui le composent ? Le point de départ de mon projet est plutôt intuitif et spontané. J’ai commencé à faire des images de végétaux, de plantes ; en parallèle, je prenais des photos de machines mais aussi des photos créées à partir de la peinture de la Renaissance. Au-delà de ma fascination pour l’iconographie de cette époque, la photo du lévrier et le portrait de profil, par exemple, sont des images créées pour rappeler le contexte historique duquel elles s’inspirent.
Les machines, appareils monumentaux qui, par leur structure fascinante, rappellent la complexité de la nature, font référence à la science, principe fondateur des collectionneurs de la Renaissance. En même temps, elles resituent mon travail dans l’époque contemporaine.
Le cabinet de curiosités se matérialise à la Renaissance dans une petite pièce confinée, où les objets souvent, se pressent les uns contre les autres, sans réelle logique autre que celle du collectionneur. C’est la photographie qui a ici la charge d’évoquer l’objet, la matérialité de ces curiosités. L’espace physique du cabinet, lui, est traduit dans l’installation. Comment composez-vous avec l’espace ? L’installation fait partie intégrante de mon projet, au même titre que les images. Elle permet de créer des liens entre chaque image, bien que celles-ci existent de manière individuelle. Le fait de les confronter les unes aux autres donne un caractère nouveau à chacune, permettant ainsi différentes possibilités de lecture. J’aime utiliser certaines images comme supports pour d’autres images, cela donne une dimension spatiale à l’accrochage.
Comment naissent les associations que vous opérez ici ?Mes critères d’association sont variables et peuvent se baser soit sur des unités thématiques, soit simplement sur des choix de couleurs ou de textures.
Cela dit, en parallèle de mon travail photographique, j’effectue des recherches théoriques qui ont pour sujet les liens entre des objets qui n’en ont a priori aucun, cela dans le but d’élaborer des concepts, de catégoriser mes images de les confronter les unes aux autres.
Y a-t-il une fin à cette collection ? Ou l’envisagez-vous comme une forme organique, qui évoluera au fil des ans, potentiellement indéfiniment ?Les deux options sont possibles. Je me dis parfois qu’il faudra un jour passer à un autre sujet. Cependant, je suis toujours très inspirée par « Curioso » et j’ai de nombreuses nouvelles images en tête pour ce projet. J’ai également de nouvelles idées pour faire évoluer le système d’accrochage et expérimenter d’autres pistes. Foncièrement, je crois qu’un collectionneur ne s’arrête jamais ; il est possible que, plus tard, je laisse ce projet de côté un certain temps ; pour l’instant, je ne souhaite pas y trouver une fin.
Édition limitée, numérotée et signée par l’artiste.