Jean-François Lepage 

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À propos de l'artiste

Jean-François Lepage est l'auteur d'une photographie de mode réalisée sur le fil du rasoir.  Ses images, à la composition toujours très épurée - des figures solitaires, dépourvues d'accessoires, immergées dans un paysage lunaire s'étendant à perte de vue ou dans une grande maison blanche quasi vide - imposent un minimalisme rarement de mise dans la photographie de mode. Elles sont étrangement immobiles, suspendues dans un espace temps qui leur est propre, dans lequel la femme est un être habité de rêves, évoluant dans une terre où se projettent et se rencontrent l'imaginaire du photographe, du modèle et celui du spectateur. Sur le fil du rasoir aussi parce que la main du photographe vient souvent, après la prise de vue, déranger l'image, la déconstruire, à coups d'incises sur le négatif, de découpages et de collages pour reconstruire une image neuve, multiple. L' opération prolonge le processus de création et abolit l'instant T de la photographie pour la plonger dans une dimension parallèle, un état de conscience où temps et espace s'étirent pour contenir les fantasmagories de chacun. 

Rencontre

Vous avez commencé photographe, êtes devenu peintre, puis êtes revenu à la photographie. Pourriez-vous retracer rapidement ce parcours artistique ?
J'ai commencé la photo en 1980. J'étais assistant pour la publicité, la mode. Ce n'était pas ma culture visuelle - mes photographes préférés étaient Eugene Smith, Cartier-Bresson, Robert Frank - mais je me suis rapidement pris au jeu et j'ai commencé à photographier des portraits et des natures mortes pour les magazines. Je travaillais pour le magazine Jill, et pour Condé Nast Italie, et puis j’ai décidé de faire une pause et je me suis mis à la peinture. J’ai recommencé à faire de la photographie pour la presse après 13 ans, en 2001. La photo est mon premier métier, et j'aime travailler avec les gens, au bout d'un moment, ça me manquait. Et puis au début des années 2000, beaucoup de journaux ont vu le jour, sans budget de production certes mais avec la volonté de laisser créer, je trouvais ça assez enthousiasmant.
Je n'ai en fait jamais privilégié un magazine, mais toujours une relation. C'est quelque chose que je revendique parce que ça m'a permis de progresser et de continuer à apprendre et d'échanger, plutôt que d'être dans un establishment, qui est peut-être financièrement plus intéressant mais qui peut vous piéger ou vous contraindre davantage.

Votre pratique de la photographie implique souvent une intervention de la main a posteriori de la prise de vue – découpage, collage, etc. – sur le négatif. Quelles potentialités y voyez-vous ?

Dès les années 1980, je me suis intéressé à l'agrafe, à la gravure, à la découpe, à même le négatif. Le procédé de la gravure sur négatif n'est certes pas nouveau mais je crois l'avoir abordé d'une façon personnelle. Je n'aime pas opérer de découpage systématiquement, je le fais seulement quand je pense pouvoir rajouter une troisième dimension, qui serait peut-être de l'ordre des vibrations que l'on dégage. C'est une façon d'augmenter la photographie. Quand je travaille sur le négatif, j'ai un repentir sur la photographie originale : le fait de graver le négatif me permet de modifier ce qui a été fixé et donc de créer une deuxième image. Dès que le processus de gravure et de découpe du négatif est commencé, il faut que j'aboutisse quelque part. C'est une technique particulière, un peu risqué et c'est ça qui me plaît : toucher à une image que l'on considère comme finie à la prise de vue, avec l'objectif de la reconstruire, en ayant à l’esprit le risque permanent de la détruire. C'est un moment de concentration particulière, comme celui du funambule sur un fil. Il y a de l'adrénaline.

Vous avez une palette de couleurs assez froide, tirant souvent vers le bleu, avec des peaux très blanches.

Ma palette s'est étendue quand j'ai commencé à travailler en extérieur. Je ne retouche que très rarement les images, globalement tout est là, à la prise de vue. J'ai une grande attention pour la chromie. Je tire toujours mes images dans des tons très froids et je cherche des teintes de chair, de peau, particulières.

Les paysages ou les intérieurs que vous choisissez partagent une esthétique assez lunaire, des paysages désertiques, des maisons quasi-vides…

Oui, moins il y a de signes de réalisations humaines, de maisons, de signalétique, plus je « rentre » dans un univers, plus j'ai l'impression que je peux apporter quelque chose qui est hors du temps. J'aime les étendues grandioses, où le temps semble s'être arrêté, que ce soit en Ecosse, en Irlande, ou ici, sur les terres volcaniques des îles Canaries.

Des univers à la Ray Bradbury ?

Bradbury, Isaac Asimov, Hoffmann, c'est toute ma culture. Même si je suis très influencé par le cinéma, ces écrivains de science-fiction ou de fantastique m'ont marqué et ont structuré mon imaginaire. Par exemple chez Hoffmann, une situation normale peut basculer soudainement dans l'étrange. J'ai un peu ce réflexe là dans ma façon de travailler : introduire un petit détail qui va bouleverser l'apparente normalité - je peux par exemple photographier dans un intérieur 100% Ikea et que jusqu'à l'interrupteur devienne intrigant !

Vos personnages sont souvent perdus dans ces immensités, les visages sont comme des masques et les poses rappellent la pantomime. Comment travaillez-vous avec votre modèle ?

J'ai fait beaucoup d'images où les personnages sont loin, perdus dans leur univers. Je jongle avec la réalité, pour m'en distancier j'intègre souvent beaucoup de maquillage, je veux que le personnage reste un peu énigmatique. Mes scènes sont très posées,  j'attache beaucoup d'attention au positionnement de la tête, par rapport à l'angle, tout se fait très doucement, et très minutieusement, pour qu'on ait l'impression que c'est à la fois statique mais que ça respire, que la personne est effectivement en train de poser mais qu'on puisse l'oublier.

et elle-même a l'air de s'oublier…

Oui. C'est peut-être ma façon de travailler qui met le modèle en condition et qui permet à cette respiration de passer, ce n'est pas une pose pour "faire genre" mais pour qu'elle prenne part à son environnement, qu’elle ait vraiment conscience du cadre dans lequel elle s'inscrit.
Quelque soit le modèle avec lequel je travaille c'est important de la faire aller dans son univers et dans mon univers, car si c'est bien mon univers visuel, c'est aussi elle qui le visite, qui se l'approprie. C'est peut -être la caractéristique majeure de mon travail, au-delà de la gravure et du découpage. Je pense que c'est plutôt mon approche du modèle qui est très particulière, surtout pour un photographe de mode, je suis très loin du glamour !

Édition limitée, numérotée et signée par l’artiste. 

Expositions et prix

Foires internationales de photographie
Unseen 2015 (galerie Madé), Amsterdam, Pays-Bas, Septembre 2015
Photo London 2015 (The Ravestjin Gallery), Londres, Royaume-Uni Mai 2015
Unseen 2014 (galerie Madé), Amsterdam, Pays-Bas, Septembre 2014

Expositions individuelles

Recycle (Prelude), The Ravestjin Gallery, Amsterdam, Pays-Bas, 2015
Recycle (Prelude), Galerie Madé, Paris, France, 2015
Memories from the Future (selection),
Galerie Quai 26, Lille, France, 2014
Memories from the Future,
Troisième festival international de la photographie, Rishon LeZion, Israël, 2014
Inside the Mirror,
Galerie Madé, Paris, France, 2014
Memories from the Future,
28ème festival international de mode et de photographie de Hyères, France, 2013
MoonLight, Bangkok Art Cultural Center, Bangkok, 2011
Color, Camera Work Contemporary Gallery, Berlin, 2012
UltraMegalore, Modemuseum Hasselt, Hasselt, Belgique, 2010
Archeology of Elegance : 1980-2000, 20 ans de photographie de mode, Deichtorhallen, Hambourg, 2002

Publications

Informations

& commande

Jean-François Lepage 
Untitled

2008

Informations techniques

Tirage argento-numérique Lambda sur papier brillant - édition limitée, certificat numéroté et signé par l'artiste.

Dimensions

37 x 46,4 cm, Édition de 200
ÉPUISÉ




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ART LIGUE pour le "Bon Marché", Paris