Qu'est-ce qui vous a amené à la photographie ? L'envie de maîtriser de bout en bout un projet, une installation, de l'idée à sa représentation finale.
Au
départ, c'était une manière de garder une trace de mes sculptures /
installations éphémères ( j'ai commencé mes études en section "Objet" de
l'École des Arts Décoratifs). Ce n'est qu'ensuite que la photographie
est devenue une fin en soi, un désir d'images préexistant à
l'installation et qui motive sa réalisation.
Votre
photographie est souvent ludique, même dans l'exercice parfois assez
contraignant de la nature morte, le studio est-il toujours un terrain de
jeux ? L’aspect ludique a toujours un rôle important dans mes
images. Oui, le studio devient un terrain de jeux, dans la mesure où je
m'amuse beaucoup à construire mes images, où je ne m'interdis rien.
J'ai une approche très enfantine dans la construction de mes images, je joue avec les éléments.
Je
ne vois pas du tout la nature morte comme un exercice contraignant,
même s'il est rigoureux. La nature morte a un côté très pratique, car
elle peut se faire n'importe où, ne demander que très peu d'espace, et
se faire avec "trois bouts de ficelles". Dans mes natures mortes
j'utilise beaucoup d'objets de mon quotidien, que je combine,
métamorphose etc ...
Il y a souvent dans vos images la
sensation d'un jeu d'équilibre délicat et ténu. Réalisez-vous des
dessins préparatoires ? Quelle place laissez-vous à l'accident dans vos
réalisations ? J'ai toujours avec moi un carnet, où je note
idées et impressions. Certaines de ces idées se développent, passant de
l'écrit au croquis. Ce sont toujours des croquis d'intention, qui
m'aident à commencer mes images. Et bien sûr il arrive que les idées /
objets / installations évoluent pendant la séance de travail. L'accident
permet souvent d'aller plus loin que ce que l'on souhaitait au départ.
Il m'intéresse. J'aime détourner les objets, d'où le côté surréaliste de
certaines de mes images. J'aime jouer avec leur forme mais aussi leur
poids, leur volume, et l'idée que l'on se fait de ces objets.
Votre pratique implique souvent de la mise en scène, du set design, travaillez-vous généralement seule ou en équipe ? Dans
mon cursus, j'ai commencé par l'objet. Et cela m'est resté. Du coup,
j'ai réalisé beaucoup de mes images toute seule. Mais il m'arrive,
notamment lors de commandes de faire appel à quelqu'un pour m'aider et
m'apporter parfois le savoir-faire qu'il me manque.
J'aimerais à
l'avenir travailler avec plus de personnes, ouvrir mon travail, et
surtout lui donner une nouvelle dimension (dans tous les sens du terme,
aussi par la taille).
Édition limitée, numérotée et signée par l’artiste.