Quel est votre parcours ? Après avoir été à l'école de
journalisme, je me suis dirigé vers le graphisme et la direction
artistique, carrière que j'ai poursuivie pendant 15 ans, avant de
décider voici 6 ans, de m'orienter vers la photographie et les arts
visuels. Pour ce qui est du désir de créer, je crois qu'il provient à
dire vrai du fait d'avoir grandi en Oklahoma, un endroit où il faut
savoir être créatif pour pouvoir se divertir.
Qu'est-ce qui vous a attiré vers ces bus et comment les avez-vous choisis ?Le
projet a démarré un jour, lors d'un de ces trajets à vélo que je fais
quotidiennement. Je traversais le Champ de Mars, et à plusieurs
centaines de mètres devant, j'ai aperçu un bus vêtu d'un incroyable
arc-en-ciel graphique. Au cours des jours suivants, je ne pouvais
m'empêcher d'y repenser, me surprenant à chercher à le retrouver, ce qui
m'a amené à en découvrir d'autres, avec des décors d'autant plus
étonnants. Graduellement, mon intérêt pour le sujet est devenu tel que
je commençais à photographier au cours de mes trajets vers mon lieu de
travail, m'arrêtant sur les bus qui présentaient les compositions
graphiques et colorées les plus intéressantes, évitant toujours tous les
éléments typographiques.
Êtes-vous devenu capable, à force de les voir, d'identifier leurs auteurs ? Ce
qui m'intéresse tout particulièrement dans ce projet est l'anonymat des
designers, et le fait qu'on leur laisse une telle liberté. La question
de savoir qui se cache derrière ces compositions et ce qui les a décidés
à opter pour tel ou tel choix de dessins. Comme on peut le constater au
fil des images, leur réalisation est libre de toute règle ou contrainte
stylistique, une liberté que les graphistes ne rencontrent que très
rarement.
Avez-vous observé des courants spécifiques ?
Beaucoup
de rayures, d'avions, et d'arcs-en-ciels et puis quelques spécialités
régionales... Les bus allemands affectionnent les châteaux, les italiens
sont eux souvent très abstraits et colorés. Je suis toujours attiré
vers ceux qui ont une esthétique très 80's, colorée et un peu étrange.
Mais je ne sais jamais vraiment ce que je vais trouver dans cette
chasse, et c'est ce qui continue d'attiser ma curiosité. A chacune de
mes sorties, au moins la moitié des bus que je croise sont des premières
pour moi. Et après en avoir consigné autant, j'aimerais entrer dans le
cercle et en dessiner un moi aussi.
Pouvez-vous encore vous promener dans une ville sans être obsédé par ces formes ? Ils me suivent quand je voyage effectivement. Outre le projet
Eurobus,
qui rassemble les bus vus dans Paris, j'ai une autre collection,
également en expansion, de bus photographiés en Thaïlande, au Mexique,
en Egypte et au Bahamas, et dans toute l'Europe également. C'est
exponentiel et probablement sans fin, et c'est bien possible que cela
m'accompagne toute ma vie.
Édition limitée, numérotée et signée par l’artiste.