Jaap Scheeren 

Garbage Collector, And suddenly everything made sense 

Garbage Collector

À propos de l'artiste

Il a émergé d'un trou noir. Black Hole, son premier projet (fait en collaboration avec Anouk Kruithof) et la publication éponyme qui l'accompagne et qui remporte le prix du livre des Rencontres d'Arles en 2006 font très vite remarquer Jaap Scheeren. Black Hole se réfère à cet état d'amnésie qui frappe l'individu qui aurait abusé des boissons alcoolisées et met en scène le scénario fantasque et démentiel d'un soir chaotique où rien ne tourne rond : porte barricadée de scotch, évier regorgeant de vieux filtres à café usagés, comparse affalé, le visage colorié à coups de feutres de couleurs que l'on soupçonne indélébiles. Jaap Scheeren aime raconter des histoires. Du réel, il emprunte uniquement ce qui l'intéresse : un décor qu'il juge propice, un détail incongru qui attire son attention (ici, le recoin d'un parc de Manhattan qui semble sorti de l'âge de pierre ou un homme seul entreprenant la collecte des ordures sur le Bund à Shanghai). De là, il développe son script, écrit en langue Scheeren et toujours ouvert à l'accident et à l'improvisation. C'est bien notre monde, oui, mais projeté dans une autre dimension où la folie et l'absurde sont rois.

Rencontre

Parlez-nous de ce "Garbage Collector". Dans quelles circonstances vous êtes-vous rendu en Chine, et quelle était l'inspiration pour cette image ?
Le magazine FOAM (édité par le musée de photographie éponyme, à Amsterdam) m'avait passé commande d'une série à Shanghai. J'avais acheté des vélos pour circuler dans la ville, et un jour que je me promenais avec mon assistant Guus, nous nous sommes perdus, et l'on s'est retrouvés au bord du fleuve qui traverse la ville, le Bund. Soudain on a vu passer un homme sur un bateau avec un filet de pêche. On l'a suivi pendant un moment : il ramassait les ordures qui flottaient sur le fleuve avec son filet. Ça m'a paru très beau : imaginer quelqu'un "ratissant" la Seine sur une petite barque, dans l'idée de faire le monde plus beau. Dans ma ville, Amsterdam, les gens font ça avec de gros bateaux et des pelles mécaniques !

Dans "Prospect Park", vous vous mettez en scène en homme des cavernes, couvert de boue, cerné par une végétation luxuriante et hors champ, par des gratte-ciels. Le motif de la cabane, de la vie dans les bois, du retour à un "état de nature" est récurrent dans votre œuvre.
Oui bien sûr. C'est quelque chose avec lequel je me débats constamment. Je veux de la paix et du calme pour penser, repenser, et travailler. Mais j'ai besoin de la ville, de la télévision, et de ce trop-plein de gens pour m'en irriter et être capable de formuler une réponse à toute cette folie. Ces deux aspects me sont nécessaires, j'essaie de les équilibrer dans ma vie, et mon travail reflète cette tentative.
Dans cette image, j'ai les pieds dans la rivière et je me lave. Il fut un temps, pas si lointain, où c'était une pratique commune, et cela se fait encore dans de nombreuses parties du monde. Ce que je voulais mettre en évidence avec cette image et la série que j'ai réalisée à New York c'est la présence de la nature dans la ville et comment nous avons changé notre relation à elle. Elle était partie intégrante de nous et maintenant c'est quelque chose que nous allons voir, que nous visitons, comme une attraction. Dans ce parc, il y a même des grillages le long des chemins, comme pour ne pas s'en approcher de trop près !  

Vous avez travaillé en Chine, en Slovaquie, en France, aux États-Unis… des territoires où vous exportez vos fantaisies. À voir vos images, les mégapoles de Shanghai et New York ne paraissent plus si intimidantes. Étaient-elles des terrains de jeux accueillants ?
Shanghai c'est le chaos par excellence, la ville la plus intéressante qu'il m'ait été donnée de voir. C'est comme un mélange de New York et Bangkok, mais en tellement mieux ! À côté d'elle, New York est vraiment une ville pénible pour un photographe - pas de place pour l'inattendu, tout semble joué d'avance. J'ai été beaucoup aidé sur place, c'était très bien, mais ça m'a tout de même demandé tant d'efforts et de sueur !

Vous donnez souvent à vos projets des titres amusants et inhabituellement longs, presque comme des phrases. Comme un conteur ?
Je veux que toutes mes images racontent d'elles-mêmes une histoire. Chaque image doit avoir une ligne narrative qui lui est propre, et je ne veux pas raconter deux fois la même histoire. C'est vrai que je me concentre sur certains thèmes pour organiser les images en séries mais en vérité je considère tous mes travaux comme appartenant à un grand ensemble. Les titres sont comme un fil rouge qui permet de saisir le déroulement de mes pensées. Je devrais aussi ajouter que si mes titres deviennent de plus en plus longs c'est peut-être parce que mon envie d'écrire devient de plus en plus pressante.

Édition limitée, numérotée et signée par l’artiste.

Expositions et prix

The Day I took off my mask, I noticed my face was missing, Flatland Gallery, Amsterdam, 2011
And suddenly everything made sense, Mapamundistas, Pampelune, 2011
Wonderland-Hyeres, KAFANA, Pays-Bas, 2011
Fake Flowers in Full Colour, FOAM, Amsterdam, 2011
Sélection d'œuvres à la Biennale de Prague, 2011
This spot might mean shit to you but is the world to me, Cobra Museum & Belvedere, Pays-Bas, 2011
Fake Flowers in Full Colour, Kunstlerverein Malkasten Dusseldorf, 2011

Publications

Fake Flowers in Full Colour, en collaboration avec Hans Gremmen, Fw, 2009-2010

Gassboggreidn, en collaboration avec Harry Bloch & Benjamin Aars, 2009

3 Roses, 9 Ravens, 12 Months, Slovakia, Fw & Flatland Gallery, 2008

Oma Toos, Jaap&Hans publishers, 2007 

The Black Hole, projet avec Anouk Kruithof, episode publishers, 2006

Informations

& commande

Jaap Scheeren 
Garbage Collector, And suddenly everything made sense

2010

Informations techniques

Tirage argento-numérique Lambda sur papier satiné - édition limitée, certificat numéroté et signé par l'artiste.

Dimensions

28 x 35 cm, Édition de 100 250.00 €




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